LA P’AJE, UN OUTIL DE LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE DES JEUNES

La P’AJE, outil numérique pédagogique, pensé par l’Association Jeunesse et Entreprises pour rapprocher les jeunes du monde professionnel, s’inscrit pleinement dans le contexte actuel et dans les réformes de l’Education Nationale.

 

Pourquoi maintenant ?

Alors que la plupart des élèves et étudiants de France ont déjà effectué leur rentrée scolaire pour l’année 2019-2020, il n’est pas inutile de rappeler que le système éducatif, en France, fait encore face à de nombreux défis. L’un des plus grands, souligné par le Ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, est que « Nous avons un scandale français que nous connaissons très bien malheureusement, et ce scandale français c’est le chômage de la jeunesse d’un côté, puis des emplois non pourvus de l’autre côté[1]. »

C’est en effet une difficulté à laquelle il est urgent de remédier. Le combat est mené par l’Association Jeunesse et Entreprises, depuis 1986. Créée par Yvon Gattaz, l’association fait le constat depuis sa création que « la méconnaissance du monde de l’entreprise est la première raison à la difficulté d’intégration professionnelle des jeunes ». L’association pense qu’un des leviers de la lutte contre le chômage des jeunes est de les informer sur les réalités du monde professionnel, car cette génération le dit elle-même, l’entreprise représente pour elle un « trou noir ».

Jeunesse et Entreprises, en organisant le Colloque « L’emploi des jeunes, aujourd’hui et demain » à l’Institut de France en juin dernier, en coopération avec l’Académie des Sciences Morales et Politiques, a pu donner la parole à des chefs d’entreprises et des personnalités reconnues pour soumettre des propositions. Ainsi, le Chancelier de l’Institut de France Xavier Darcos, ancien ministre de l’Education nationale, a évoqué dans son discours que « la meilleure façon d’être employable, c’est d’être d’abord formé. […] La meilleure des choses que nous puissions donner aux jeunes, c’est la connaissance. ». D’autres personnalités ont également pu insister sur ce point, comme le PDG de LVMH, Bernard Arnault : « Mieux enseigner le fonctionnement de l’économie, c’est-à-dire en premier lieu le fonctionnement de l’entreprise, ce qui en plus d’être utile et particulièrement intéressant à mon avis, ne peut qu’avoir des effets positifs à la fois pour l’élève au titre de son employabilité individuelle, et pour la société toute entière, en changeant son regard sur les entrepreneurs ».

 

Un cheminement logique et universel

C’est pour répondre à ce triple constat venant du privé, de la sphère institutionnelle et du monde associatif que l’Association Jeunesse et Entreprises a imaginé la P’AJE, la plateforme numérique pédagogique sur le monde de l’entreprise, cœur des actions de l’association et soutenue par l’Education nationale. Cette plateforme, à destination des enseignants et dont le lancement de la deuxième version est prévu pour la rentrée 2019-2020 dans les établissements scolaires et d’enseignement supérieur, fait découvrir le monde professionnel aux jeunes à travers trois thématiques : « Qu’est-ce qu’une entreprise ? », « Comment le numérique transforme-t-il l’entreprise ? » et « Comment mieux s’insérer dans l’entreprise ? ». Elle est composée d’interventions en courtes vidéos thématiques de 32 personnes issues du monde professionnel, qui abordent des sujets variés et donnent de nombreux conseils aux élèves et étudiants de toutes les filières, de la classe de troisième à Bac + 3. Elle intègre également des exercices qui viennent compléter les vidéos, et qui permettent de stimuler les jeunes dans leur apprentissage. Le guide qui accompagne la plateforme propose notamment, pour chaque vidéo, d’aller plus loin dans la découverte et la formation en s’engageant dans une action initiée par Jeunesse et Entreprises.

La deuxième version qui est présentée pour cette rentrée a été conçue à partir de retours et suggestions de professeurs ayant utilisé la première version. Tout est donc fait pour aller dans leur sens. Le but n’est pas de vendre l’entreprise, mais plutôt de « mettre en scène » les personnes qui y travaillent en faisant découvrir leurs fonctions.

 

Cet outil, qui ne cherche pas à remplacer le cours des enseignants mais qui a pour rôle de compléter les apports théoriques, s’inscrit pleinement dans la réforme enclenchée par l’Education Nationale. En effet, celle-ci introduit dans les programmes des temps consacrés aux entreprises et filières de l’enseignement supérieur pour qu’elles puissent parler dans les établissements de ce qui constitue le futur des élèves. De plus, en filière économique et sociale notamment, plus de place est accordée à la microéconomie et à la vie de l’entreprise dans les programmes.

Par conséquent la P’AJE, en continuité de la réforme instaurée par les pouvoirs institutionnels, permet de donner la parole à un monde encore trop inconnu des jeunes, et permet à ces derniers de comprendre concrètement les enjeux du monde professionnel.

L’Association Jeunesse et Entreprises espère que la P’AJE permettra, parmi d’autres initiatives du même type, de résoudre le problème pointé du doigt par tous. Benoît Roger-Vasselin, DRH de Publicis, livrait ainsi au Colloque un témoignage très inspirant, en disant que la mission première des professionnels, et particulièrement des DRH, était « d’aider les jeunes à entrer puis à évoluer aussi harmonieusement que possible dans l’univers professionnel. En un mot, de leur transmettre. Non pas de leur donner une bouée, mais de leur apprendre à toujours savoir nager quelles que soient les vagues, quelle que soit la mer ».

Les entreprises ne peuvent pas rester à l’écart de la formation des jeunes, puisque ces derniers représentent leur futur. Elles sont les mieux placées pour livrer des témoignages d’expériences concrètes sur leur fonctionnement, essentielles pour préparer les jeunes aux réalités de la vie professionnelle. La Présidente de Sodexo France, Anna Notarianni, nous a fait part au Colloque du constat que « très souvent, lorsque les jeunes arrivent dans les entreprises, la formation qu’ils ont reçue n’est pas toujours en adéquation avec les besoins de l’entreprise ».

C’est pourquoi, dans la P’AJE, l’avis des professionnels est pris en compte pour aider à la formation des élèves et étudiants. Ce qui est essentiel pour eux est mis en avant. Ainsi, alors que le Président d’Adecco, Christophe Catoir, et la Présidente de Sodexo France, Anna Notarianni, s’accordaient pour dire lors du colloque qu’il est essentiel de déployer la formation des soft-skills, de même qu’il est indispensable d’être en cohérence avec les valeurs d’entreprise. AJE a déjà consacré des modules sur ces sujets dans la P’AJE. On peut découvrir, parmi les 13 modules qui constituent l’outil, les modules intitulés « Valeur d’entreprise et fierté du travail » et « La mise en valeur du savoir-être », qui se situent au milieu d’autres modules précis sur l’entreprise comme « Comment créer une entreprise ? », « La Responsabilité Sociétale des Entreprises », mais aussi des modules encourageant les jeunes à cultiver leur savoir-faire, à s’appuyer sur les autres générations et mettre en avant les compétences de la leur, ainsi qu’un module entier sur le déroulement du recrutement.

 

Le numérique dans les entreprises

Autre sujet inévitable aujourd’hui : l’impact du numérique sur le monde professionnel et sur la société. En effet, le monde évolue rapidement aujourd’hui avec le large déploiement du numérique. Au niveau de l’entreprise, ceci transforme non seulement les outils, mais également les organisations de travail et les métiers. De ce fait, en sachant que de nombreux métiers vont disparaitre et que d’autres n’existent pas encore, il est préférable d’enseigner aux jeunes l’entreprise comme une structure évolutive et non comme une organisation figée. Cela permettra de les rassurer, car, comme l’a évoqué Augustin de Romanet, Président d’ADP, au Colloque, « le changement technologique et numérique est d’une telle importance qu’il crée des anxiétés pour les jeunes générations ».

La P’AJE de Jeunesse et Entreprises fait une large place au numérique et aux changements qu’il implique. Elle fait également échos à l’Education Nationale qui a d’ailleurs créé une nouvelle filière appelée « Numérique et sciences informatiques ». La France est le premier pays à consacrer une filière entière au numérique qui montrera aux jeunes des métiers qu’ils ne connaissent pas forcément.

En aidant les jeunes à connaitre et comprendre le monde professionnel et ainsi à mieux préparer leur orientation, on peut également jouer un rôle auprès des décrocheurs. Ceux-ci constituent un enjeu majeur. Lutter contre le décrochage scolaire est l’un des engagements forts d’Yvon Gattaz, Président de l’Association Jeunesse et Entreprises. Il faut intéresser la jeunesse, la stimuler. L’association, par le biais de la plateforme et de ses autres actions, met en avant l’alternance, qui toujours selon le Président Gattaz, serait « la meilleure thérapie pour l’emploi ».

 

L’entreprise et l’éducation sont deux mondes différents qui doivent s’articuler. L’interaction est indispensable, car, comme le sont convaincues les entreprises et AJE, la connaissance du monde professionnel favorise à terme à une meilleure intégration dans la vie active.

 

[1] Extrait du discours prononcé par le Ministre le 24 juin 2019 au Colloque « L’emploi des jeunes, aujourd’hui et demain » organisé par AJE et l’Académie des Sciences Morales et Politiques à l’Institut de France

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